En Août 1944, l’avancée rapide des alliés oblige les troupes allemandes à se replier. Le 29 Août 1944, les artificiers allemands ont fait sauter tous les ponts entre Marne et canal.
Notre Pont, à l’intérieur de l’usine leur était inconnu car il ne figurait pas sur les cartes.
Alors que la Division Leclerc était à l’approche de Troyes, deux Jeeps de reconnaissance sont arrivées et ont été reçues par M. Saint-Clivier, le patron des Forges.Nous leur avons dit qu’il y avait un pont intact aux Forges permettant de traverser la Marne.
Nous nous sommes mis à préparer une forte passerelle pour permettrele franchissement du canal.
M. Saint-Clivier, tout de suite d’accord, nous a autorisés à prendre tout ce qui était nécessaire en fer et nous avons commencé la fabrication.
Nous avons trouvé de très grosses poutres faisant facilement 300 mm de section et qui devraient supporter le passage de camions et de chars.
Le bruit s’est répandu dans le village que la Division Leclerc arrivait et qu’un pont était en fabrication pour le canal.
Le bruit s’est répandu dans le village que la Division Leclerc arrivait et qu’un pont était en fabrication pour le canal.
Alors, des dizaines d’hommes et de femmes et même des gosses se sont présentés, voulant traîner les poutres jusqu’à l’écluse.
C’était dangereux, il y avait encore quelques avions ennemis dans le ciel.
Avec le patron, nous voulions faire appel aux tracteurs, mais l’élan était tel, que les poutres ont été portées à bras d’hommes le long du chemin du halage.
Pendant cette opération, les engins du génie arrivèrent.
M. Saint-Clivier, suivant son habitude, estimait, recalculait les forces et flexions pour que le pont soit assez solide.
Heureusement en son milieu, il y avait une chandelle, un tube de diamètre 200.
Après échange rapide d’idées, le génie est arrivé avec des poutres pour renforcer le tablier du pont.
Un premier char Shermann de 40 tonnes se présenta doucement, passa la Marne pendant que nous retenions notre respiration.
Puis, ont suivi deux bulldozers et une grue permettant de jeter nos poutres par-dessus l’écluse.
Presque aussitôt, le défilé a commencé : Jeeps, chars, camions…
A partir du 11 septembre, des milliers de véhicules ont défilé pendant 2 jours et 2 nuits sans arrêt.
Les véhicules passaient devant l’église, prenaient le virage, rentraient dans la cour de l’usine, passaient sur le pont, prenaient le chemin du halage, passaient le canal pour enfin reprendre la route de Doulaincourt.
La route était labourée, il y avait un énorme nuage de poussière.
A l’entrée de l’usine, M. Saint-Clivier avait installé une infirmerie. L’infirmière et deux aides ne faisaient que laver les yeux des conducteurs, aveuglés par la poussière.
Toute la population était dans la grande rue.
Toute la population était dans la grande rue.
Nous n’avions pas grand-chose, mais presque tous réussissaient à faire des gaufres, des tartes…
L’accueil tenait du délire.
Extrait des mémoires de M. Boris Tchernishoff
(Ingénieur aux Forges, Désigné Maire de Froncles à la Libération par le Comité de Libération de la Haute-Marne)